Du Pic Adam au Gîte des Chicots par l'ancien sentier de la Roche Ecrite

Difficulté
Difficile
Indice de confiance Faible
1-Excellent: Toujours correct : j'y vais sans réfléchir, même seul.

2-Bon: Petite vérification avant de partir. Mini-problème possible sans danger : j'y vais aussi sans réfléchir, même seul.

3-Moyen: Quelques fermetures récentes, climat incertain de la région. Boue, herbes hautes et mouillées, glissades possibles, etc. J'étudie, je me renseigne avant le départ, mais j'y vais.

4-Faible: Souvent fermé, des critiques fréquentes, une végétation non domestiquée. Dangers possibles. Coupe-coupe ou corde dans le sac. À réserver aux initiés. Enfants à la maison. Ne jamais partir seul.

5-Danger/Médiocre: Trop de problèmes partout : végétation invasive, fermeture officielle, difficulté importante, sentier marron difficilement réhabilitable, éboulis, zone infrachissable, guide nécessaire, privatisation d'un passage, etc. À réserver aux aventuriers ou habitués de la découverte très sportive. Il y a d'autres circuits à effectuer avant. Je n'y vais pas.
Durée 7h
Distance 8.6 km
Type de trajet
Altitude haute-basse 1850 - 720 m
Dénivelé positif 1180 m
Dernière mise à jour 11/08/2022

Séquence aventure vers la Roche Ecrite

La plus grosse difficulté de cette belle randonnée en milieu forestier et en hors sentier officiel tient de l'orientation et non de la pente. Ousarsiph2 a dû effectuer 3 reconnaissances puis a eu la gentillesse de nous inviter à le suivre. Une randonnée qui se prépare TRES sérieusement ou ne se pratique pas.

La Roche Ecrite est une destination très bien desservie par de multiples sentiers venant de nombreuses directions. Quelques décennies en arrière, l'un d'entre eux débutait à la boucle du Pic Adam puis rejoignait le gîte de la Plaine des Chicots en contournant le Piton Mavouse par l'est. Abandonné, rendu à la végétation, il demeure cependant des traces encore bien visibles pour les yeux des habitués de ce genre d'expédition. Sportivement, l'ascension n'est guère plus difficile que certaines autres malgré les 1100 mètres de dénivelé entre Bois de Nèfles et le gîte. Techniquement, c'est une toute autre affaire. Ne quitter le sentier du Pic Adam qu'en étant certain d'être sur la bonne trace. Ne jamais quitter des yeux l'ancien passage qui peut être large et pourvu de marches ou étroit et dévoré par les longoses. Le parcours se divise en trois tronçons : la première partie est encore correcte et pose peu de questionnement, la dernière est balisée par les organismes chargés d'éradiquer les rats de la forêt. La partie centrale, entre 1500 et 1800 m, demande un entraînement certain et une maîtrise de l'orientation. Le GPS est ici fortement recommandé pour éviter de se retrouver au sommet du Piton Mavouse ou près des cascades amont de la Ravine du Chaudron. La moyenne horaire est similaire aux autres aventures proposées sur ce site, c'est à dire environ 1km/h. On trouve fréquemment des traces de passage du cerf de Java dès que l'on rencontre les premiers tamarins des Hauts. S'il est possible d'entendre des tuit-tuit communiquer, il est en revanche plus difficile de les apercevoir tout comme les rats qui savent se cacher au moindre frémissement du sol sous la chaussure du randonneur. Bien évidemment, on ne partira jamais seul sur un tel itinéraire qui multiplie à chaque pas les occasions de s'égarer, de glisser sur les roches humides ou de chuter d'un sentier étroit difficile à distinguer. Partir très tôt en cas de retour dans la même journée au point de départ de Bois de Nèfles et prévoir 10 heures minimum.

La randonnée débute aux citernes, à la fin de la Route du Piton. La montée est raide sur le béton jusqu'aux champs d'ananas qui semblent de plus en plus abandonnés. Partir à gauche, traverser l'aire de repos puis remonter par le sentier du Pic Adam qui est toujours bien entretenu entre goyaviers, filaos et déjà les premières touffes de longoses (Photo 1). La montée est sérieuse sans jamais être difficile. Quelques haltes sont possibles avant d'arriver au point de vue pour profiter des panoramas sur Saint-Denis (Photo 2). Poursuivre après le point de vue officiel et traverser de nouvelles zones envahies de goyaviers et de plus en plus de branles verts (Photo 3). Passer les deux échelles puis parvenir, une bonne heure après le départ, au grand virage à droite vers la Ravine Blanche pour poursuivre sur la boucle du Pic Adam. Marcher 100 m et repérer le discret sentier s'enfonçant à gauche dans les longoses et bois de couleurs (Photo 4). La pente est faible et la trace encore visible malgré la végétation. Les longoses ont envahi le sous-bois et il vaut mieux s'y habituer jusqu'à l'altitude de 1500 m. Quelques goyaviers cherchent encore leur place au milieu de cette jungle moussue (Photo 5). Plus loin, l'inquiétude peut naître avec l'arrivée de hautes fougères piétinées par les passages de quelques marcheurs connaissant le coin. Heureusement, cette traversée ne fait qu'une cinquantaine de mètres ne retardant pas la progression (Photo 6). Puis ce sont quelques cryptomerias qui occupent le terrain avant de rencontrer une petite ravine étroite au fond couvert de galets glissants. Il faut obligatoirement la remonter ou l'éviter de quelques mètres sans glisser ni mouiller les chaussures (Photo 7). Bifurquer à gauche au premier confluent et continuer dans les longoses. Une courte zone couverte de vigne marronne impose de sortir sécateur ou coupe-coupe pour arrondir le tunnel végétal. Les portions de sentiers se succèdent dans les longoses ou de grandes surfaces de bois de négresse (Photo 8). Heureusement, d'autres parties sont encore très bien marquées et font gagner du temps pour la progression (Photo 9). Les pailles sabres prennent le relais par endroits en cachant à nouveau une partie du sentier où l'on repère encore des marches bien taillées dans la terre ou soutenues de rondins. Parmi toutes les ravines rencontrées, peu ont de l'eau. L'une d'entre elle remplit un bassin par une chute discrète (Photo 10). Les pimpins des hauts deviennent de plus en plus présents le long du sentier ainsi que de grands fanjans qui apprécient l'humidité des lieux (Photo 11). Une descente un peu acrobatique de deux ou trois mètres est nécessaire pour rejoindre le fond d'une profonde ravine longée par le sentier en rive gauche (Photo 12). Très vite il faut à nouveau emprunter le fond comportant des blocs beaucoup plus gros et glissants que la première. Puis ce sont les branles verts qui dominent. Le sentier à travers ces arbres moussus et biscornus est encore assez visible (Photo 13). La montée est régulière malgré les nombreuses descentes et remontées de rives de ravines. Les passages dangereux sont très rares ou bien protégés par la végétation (Photo 14). Le sentier traverse une zone ombragée sous les premiers tamarins, fréquentée par les cervidés qui semblent y venir régulièrement comme le montrent les fumées au sol (Photo 15). On pénètre dans une petite clairière herbeuse, sous les premières grosses colonies de calumets. Repérer sur les branles les belles orchidées et essayons de ne pas piétiner les quelques orchidées palmiers rencontrées le long du sentier de plus en plus difficile à suivre (Photo 16). On atteint le point 1734 mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Les panoramas sont rares et surtout orientés sur l'immense Forêt Départementale Domaniale de la Roche Ecrite (Photo 17). Le sentier est devenu très difficile à suivre surtout dans les calumets  (Photo 18). Quelques traces de peinture orange sur les troncs rassurent par moments. Seul le GPS peut rassurer vraiment ou réorienter pour ramener sur des tronçons de sentier que l'on reconnait sur de courtes portions. Ne pas manquer de superbes tamarins caractéristiques qui permettent de souffler durant les prises de vues (Photo 19). Certains sont énormes et servent même d'abris aux braconniers qui laissent dessous les restes de leurs passages (Photo 20). Difficile de se guider à travers les fougères et les calumets (Photo 21). Les petites clairières sont ensuite remplacées par de grandes prairies où les cerfs doivent s'en donner à cœur joie une fois le soir venu (Photo 22). De grandes caisses métalliques contiennent le poison distribué généreusement aux rats qui évoluent ici par milliers et créent d'énormes dégâts dans les nichées en général et celles des tuit-tuit en particulier. Les clairières sont bordées d'immenses pieds de fleurs jaunes ou d'ambavilles qui atteignent ici des tailles record. On a déjà repéré des rubalises depuis les derniers calumets et elles ne manqueront plus jusqu'à la fin de la randonnée. Traverser de nouvelles clairières, marcher entre les tamarins et branles en suivant les traces rouges des rubalises (Photo 23). La végétation change encore. Les tamarins sont toujours aussi impressionnants, debout ou couchés (Photo 24). On circule le plus souvent de clairière en clairière bordées de haute végétation des hauts (Photo 25). Une forte descente permet de traverser la Ravine Camp Ménard. Sur l'autre rive, quelques carcasses de tamarins terrassés par les incendies viennent rappeler la fragilité de la nature (Photo 27). Les aboiements des chiens du gîte se font entendre. Il ne faut que quelques minutes pour rejoindre le sentier de l'héliport et les premiers bâtiments du gîte de la Plaine des Chicots.
Cette première étape étant terminée, il reste à revenir au point de départ par une très longue descente du sentier officiel demandant au moins trois heures. L'idéal est donc de dormir sur place avant d'entamer le demi-tour ou d'envisager une autre randonnée.

Balises


Rares taches orangées en altitude. Rubalises sur la fin du parcours.

Profil

Plan de l'itinéraire

Itinéraire

Se rendre à Saint-Denis puis prendre la direction de Bois de Nèfles - Remonter jusqu'aux réservoirs au début du circuit du Pic Adam - Partir par la gauche et passer près du point de vue avant de poursuivre plein sud - Trouver le départ de l'ancien sentier et le suivre jusqu'au gîte de la Plaine des Chicots.
Le retour s'effectue par le sentier revenant au Pic Adam ou toute autre direction le lendemain après avoir passé la nuit au gîte (conseillé).

Le cerf de Java à la Roche Ecrite

Ils sont une bonne centaine à parcourir la planèze de la Roche Ecrite mais, même en y passant souvent, on a peu de chances d'en rencontrer, à moins de marcher tôt (ou tard), seul et sans faire de bruit. En revanche, en sortant un peu du trajet officiel comme ici pour parcourir des sentiers officieux, on tombe souvent sur des fumées, nom donné à leurs crottes. Chaque année, des chasseurs viennent dans une zone règlementée pour abattre une quinzaine de ces animaux afin de réguler leur population qui comptait plusieurs centaines de têtes dans les années 70. On demande au randonneur de ne pas quitter le sentier afin de ne pas déranger le tuit-tuit mais on tolère facilement une dizaine de rabatteurs et autant de chasseurs sur le même territoire !


Commentaires sur cette randonnée (2)

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Walking Dog 974, 12/08/2022 18:23
Randonnée complétée le 30/07/2022 en 7h30

Bonjour, j’ai découvert cette belle randonnée aventureuse le 30/07/22, grâce à l’aimable invitation de Ousarsiph2 , qui est à l’origine de la fiche.

Voilà donc un nouveau parcours dans le style de Randopitons, bien décrit par la fiche que j’approuve complètement.

Le plus gros obstacle de ce circuit, et donc son plus grand danger n’est pas sa longueur ou son relief, mais bien sa partie en hors sentier et sa forte capacité d’égarement des marcheurs.

Lisez bien l’encart rouge de la fiche (et toute la fiche elle-même bien sûr) qui est un sérieux mais nécessaire avertissement, préalable à la pratique de cette randonnée attrayante mais risquée.

Pour ma part, la montée matinale de la 1ère partie, connue et balisée, fut un bon échauffement qui permit à chacun de prendre ses marques en profitant des vues sur la capitale nappée d’une froide grisaille.
Puis, à la fin de ce sentier large et évident, nous prîmes cet ancien sentier abandonné pour quitter les filaos et les fougères éloignées ;
déjà la flore changeait et les premiers longoses caressaient nos jambes, avant que plus loin de hautes fougères effleuraient nos visages.
Le chemin, quoique vieilli , était encore reconnaissable.

Mais quelle agréable surprise de voir ce chemin arriver dans de jolies petites ravines ! Et cette petite chute d’eau, fleurie de rares et minuscules orchidées endémiques, quelle beauté !

Au fond, était-ce si étonnant ? Ousarsiph 2, en créant cette trace, ne pouvait que trouver ces ruisselets qui furent de discrets clins d’oeil à ce chef-d’oeuvre qu’est le tunnel du Bras Laurent !
La force de l’inconscient….
Tout en poursuivant dans une végétation changeante et plus dense,
nous remarquâmes que le sentier devenait de moins en moins évident….
En effet, même nos guides durent parfois vérifier la justesse de la direction prise, voire tenter des départs de sentiers (qui n’en sont parfois pas !), revenir, recommencer pour retrouver le délicat Fil d’Ariane.

Et que dire de ces clairières, dont les nombreuses trouées prêtent à confusion et font douter le randonneur ? Doit-on partir à gauche ? A droite ? Ou est-ce court tunnel partant dans les calumets ?

Comment ferais-je, si je n’avais pas l’assurance d’un guide comme Ousarsiph2, qui lui a fourni un important travail de reconnaissance avant de comprendre les particularités de cette sente ?

L’imagination aidant, j’ai parfaitement envisagé ce qui se passerait si je n’avais ni trace ni GPS et surtout si je perdais du temps à trouver mon chemin dans ce dédale de verdure. Et ce n’était pas une petite forêt !

Parfois nous réalisions un véritable zig-zag dans des portions sauvages, parfois j’eus l’impression que le sentier obliquait et dessinait un demi-tour….il fut facile de perdre mon sens de l’orientation à un moment, sans parler des fausses traces qui donnaient l’illusion d’être dans le bon chemin.

Cependant cet aller-simple récompense largement le marcheur.
D’accord, il ne s’agit pas de points de vue incroyables, de montagnes Mafataises ou de sentiers vertigineux….
Il s’agit ici d’une forte immersion dans ces bois proches du Piton Mavouse, au contact avec les plantes….marcher dans les grandes herbes molles, faire s’entrechoquer les calumets et écouter les sons de ces rudimentaires xylophones.
J’ai été ravi de profiter de la vue de toute cette flore : les tamarins brisés ou torsadés sur lesquels croissent les orchidées, les branles gris exhibant leurs lichens filamenteux sous un ciel devenu radieux entre-temps.

De plus, j’ai aimé la compagnie de notre groupe...nous étions 6, chacun marchant selon ses forces, mais aucun de nous n’était jamais seul et tous nous étions de bonne humeur…
Ousarsiph2 était attentif au bien-être de chacun.

Notre halte dans une clairière herbeuse et à moitié ombragée fut conviviale et reposante. Cela aussi est important.
J’ai trouvé que c’était une bonne chose d’être six sur ce genre de parcours.

La dernière portion avant le gîte se révélait amusante (et indispensable !) : comme le Petit Poucet cherchant ses cailloux, nous scrutions les alentours pour y repérer les rubalises nous dirigeant vers ce beau gîte de la Plaine des Chicots que je ne connaissais pas..

Nous redescendîmes par le sentier de Mamode Camp, qui malgré sa pente et sa facilité nous parut interminable.
(et pourtant à la Plaine des Chicots on nous avait dit : « Allez Chico mets la gomme » mdr -blague pour les connaisseurs !)

De fait, nous arrivâmes assez tard, alors que nous étions guidés !

C’est pourquoi la fiche se montre raisonnable  en conseillant de réaliser cet aller-simple en s’arrêtant au gîte pour la nuit.
C’est plus prudent si on pratique cette fiche la 1ère fois.
Ou bien, on peut utiliser le raccourci fait par Ousarsiph2 (voir son commentaire ).
Beau descriptif réalisé par Randopitons. Merci Jean-Paul !


Merci aussi à Ousarsiph2 pour cette belle découverte qui contribuera peut-être à réhabiliter ce sentier oublié au-dessus du Pic Adam, et aussi pour cette organisation efficace autour de cette marche (transport,…) 

Ousarsiph2, 11/08/2022 12:17
Randonnée complétée le 30/07/2022 en 7h30

Merci pour cette belle fiche ! Il s'agit désormais de l'accès de référence au gite de la Roche Ecrite pour les aventuriers qui souhaitent cheminer sans croiser personne.
Le chemin mérite parfois un peu d'entretien et je compte bien y retourner pour éclaircir ces longoses parfois envahissantes sur la première moitié.
Je rajoute en photo la trace (en orange) du sentier bien marqué qui permet de relier le point 1808 au sentier principal qui redescend vers Bois de Nèfles, si l'on veut faire une boucle plus courte sans monter au gite.

Randonnée ajoutée le : 10/08/2022