De l'Îlet Totor au Bras Crochet par la Forêt du Tapcal

Difficulté
Très difficile
Indice de confiance Faible
1-Excellent: Toujours correct : j'y vais sans réfléchir, même seul.

2-Bon: Petite vérification avant de partir. Mini-problème possible sans danger : j'y vais aussi sans réfléchir, même seul.

3-Moyen: Quelques fermetures récentes, climat incertain de la région. Boue, herbes hautes et mouillées, glissades possibles, etc. J'étudie, je me renseigne avant le départ, mais j'y vais.

4-Faible: Souvent fermé, des critiques fréquentes, une végétation non domestiquée. Dangers possibles. Coupe-coupe ou corde dans le sac. À réserver aux initiés. Enfants à la maison. Ne jamais partir seul.

5-Danger/Médiocre: Trop de problèmes partout : végétation invasive, fermeture officielle, difficulté importante, sentier marron difficilement réhabilitable, éboulis, zone infrachissable, guide nécessaire, privatisation d'un passage, etc. À réserver aux aventuriers ou habitués de la découverte très sportive. Il y a d'autres circuits à effectuer avant. Je n'y vais pas.
Durée 8h
Distance 7.7 km
Type de trajet
Altitude haute-basse 1756 - 1116 m
Dénivelé positif 850 m
Dernière mise à jour 19/12/2018

Huit kilomètres de douleur pour huit heures de bonheur !

Attention : Outre l'entraînement habituel pour les fortes pentes, il faut avoir, pour cette courte sortie sur le Plateau du Tapcal, un très bon sens de l'orientation malgré le GPS, très fortement recommandé. En effet, avec les sous-bois clairsemés et un sentier seulement symbolique par endroits, un petit égarement, même de 20 mètres, peut s'avérer stressant. Si le soleil permet de s'orienter, il en va autrement par temps couvert où il est facile de perdre le sens de l'orientation.

La Forêt du Tapcal, déjà visitée à l'ouest pour voir la pierre gravée, est certainement l'une des plus belles de l'île. Archéologiquement, cet endroit est unique car c'est là que Pascal Colas a découvert en 1999 une pierre gravée qui a fait l'objet d'études. Et s'il existait d'autres vestiges à découvrir ? Inconsciemment, on jette un coup d’œil sur toutes les pierres rencontrées mais d'épaisses couches de mousse les recouvrent. Son accès difficile, son isolement, le manque de renseignement pour y monter permettent à la forêt d'être préservée comme au temps des marrons qui venaient y chercher refuge. On y trouve hélas quelques détritus mais en moindre quantité qu'ailleurs. Le sentier des canyoneurs, balisé çà et là de points bleus, bien marqué en terminant l'ascension, devient de plus en plus étroit au fur et à mesure que l'on monte vers le Bras Crochet. Même si le sentier disparaît doucement, cette sortie sportive reste tout de même un incontournable des amateurs de beaux sous-bois de couleurs. La forêt n'est jamais dense au point d'être inextricable mais il est fortement conseillé de ne pas quitter la trace pour éviter de s'égarer d'une part et pour préserver la nature d'autre part. Il est très facile de se perdre sur le Tapcal et un GPS est vraiment conseillé afin de retrouver le sentier étroit qui permet de retourner au point de départ à l'Îlet Totor. Outre les beaux arbres (bois maigres, tans rouges ou bois de remparts) on peut y admirer de magnifiques ravines coulant au fond d'étroits et impressionnants canyons.La montée proposée ici finit d'ailleurs à un arbre caractéristique, lieu de départ des canyoneurs qui ont laissé là une corde en haut d'un rempart de plus de 100 mètres. Inutile de préciser que les panoramas sur Cilaos et la région de l'Îlet à Cordes sont magnifiques et omniprésents et valent à eux seuls le long voyage jusqu'au fond du cirque de Cilaos. Attention à ne pas trop se pencher au-dessus du vide au Bras Crochet pour y photographier les cascades.
Le plateau du Tapcal est issu d'une coulée de lave datant de 1,4 millions d'années et on monte le rejoindre sur ce que l'on nomme des blocs basculés, vestiges d'immenses effondrements ayant créé le plateau de l'Îlet à Cordes. Voir cet article pour mieux comprendre la géologie du lieu.

En raison de la difficulté de cette sortie, deux itinéraires sont proposés. A chacun de connaître ses possibilités pour suivre des sentiers difficiles. Le premier propose la montée au Plateau du Tapcal et un cheminement en sous-bois jusqu'au Bras l'Eustache. L'autre se poursuit après les cascades pour atteindre le point le plus haut utilisé par les canyoneurs pour descendre le Bras Crochet.

1ère partie pour presque tous : La randonnée débute sur la route de l'îlet à Cordes au croisement vers l'Îlet Totor. Le Chemin des Orangers, tortueux entre les habitations, champs et vignes, file en direction de l'îlet Totor (Photo 1). Se gaver des splendides panoramas qui vont du Petit jusqu'au Grand Bénare. En profiter également pour repérer les failles des effondrements vers le Bras l'Eustache dont les explications sont fournies par le lien ci-dessus. Un peu avant la première ravine, bifurquer à droite sur le très discret sentier (vois § ci-dessous). Il faut de l'imagination ou de l'habitude pour y déceler un sentier. L'étroitesse du passage n'est que de quelques mètres. Très vite, il grimpe rapidement pour rejoindre puis longer le rempart de la ravine en rive gauche. On parvient à des cultures variées où l'on devine le sentier qui se poursuit en longeant la lisière et le champ. La montée débute dans un fouillis de végétation mais la trace est bien visible (Photo 2). Les branles gris sont les plus nombreux. On rencontre aussi fougères, jouvences, quelques galaberts. Le passage est parfois étroit et il faut surveiller les semelles qui pourraient glisser vers le torrent. On passe sous de grands eucalyptus et la pente s'intensifie. Derrière, les panoramas sur tout le cirque de Cilaos s'élargissent et l'on peut même voir jusqu'à l'océan et Saint-Pierre en profitant de belles trouées dans la végétation (Photo 5). Devant, c'est le Grand Bénare et le rempart du Tapcal qui donnent une idée de la montée qu'il reste à parcourir (Photo 6). On croise quelques beaux spécimens de bois de rempart et des branles gris recouverts entièrement de barbe de Jupiter (Photo 7). Les lacets sont courts et nombreux. Une petite descente amène sur une corniche étroite dominant la Ravine Patience et son écrin sauvage. La remontée reprend de plus belle dans le même type de végétation et sur les mêmes lacets jusqu'au passage particulièrement abrupt sur des rochers dénudés où les prises sont cependant faciles à trouver. Un dernier coup de rein pour le passage qui semble impossible tant il est vertical et l'on se retrouve enfin sur le plateau après une heure de sérieuse montée (Photo 11). Partir vers l'ouest. Le contraste est impressionnant entre la forte montée et la magnifique forêt, très aérée sur un sol presque plat. Pas une seule plante envahissante pour accueillir les marcheurs. Les sous-bois sont recouverts d'herbe, de fougères, de cannes et ananas marrons (Photo 12). On remarque une grosse touffe de calumets et les premiers troncs centenaires d'arbres de toutes espèces font leur apparition. Sans avoir à pénétrer sur le plateau, on en découvre tous les cents mètres, tous aussi vieux, gros, tortueux les uns que les autres. Les tans rouges rivalisent avec les bois maigres ou les bois de remparts qui ont pu abriter des esclaves en fuite (Photo 28). Le sentier est le plus souvent bien marqué mais très loin des critères exigés sur les GR ! Impossible de marcher les yeux en l'air car on a tôt fait de perdre la trace (Photo 13). Avec un peu d'expérience, le cheminement est ludique sur ce terrain presque plat. Par deux fois il faut descendre puis grimper sur des pentes assez raides pour franchir des ravines, affluents le plus souvent à sec du Bras l'Eustache. Lorsque l'on parvient à une petite clairière où subsistent des traces de foyer et que l'on entend l'eau couler, c'est que l'on est parvenu à la fin de cette première partie (Photo 18). Entreprendre la forte descente vers le Bras l'Eustache et partir en rive gauche vers l'aval pour rejoindre les chutes qui se précipitent dans la vallée (Photo 20). Un petit bassin bordé de papyrus et alimenté d'une courte chute représente un cadre enchanteur qui encourage au pique-nique (Photo 19). Après le temps nécessaire passé à apprécier le lieu, faire demi-tour par le même itinéraire pour retrouver l'Îlet Totor.

2ème partie pour initiés ou randopitonneurs motivés : En face du 2ème cairn rencontré en descendant vers la cascade du Bras l'Eustache, poursuivre vers l'ouest en escaladant tout d'abord une véritable muraille où, fort heureusement, la nature a placé les racines au bon endroit pour s'aider des mains (Photo 21). Attention, au retour, l'endroit est délicat. On ne change pas de décor dans cette magnifique forêt. Le sentier, encore utilisé par les rois du canyonage, reste visible mais se fait plus discret. De très rares rubalises réconfortent au moment des hésitations. On rencontre moins de gros arbres et le sous-bois semble plus touffu mais reste facilement franchissable en cas d'égarement. On parvient sans encombre au rempart de la vallée du Bras Crochet qu'on voit couler sur le fond rocheux ou en amont vers les cascades (Photo 25). Le sentier oblique sans transition vers le nord puis longe la vallée. On remarque très vite le premier départ vers les cascades au mousqueton et aux cordes pendues à un arbre. La montée se poursuit dans les branles qui sont plus nombreux que les bois de couleurs (Photo 26). On ne s'éloigne jamais de la vallée et l'on retrouve à nouveau un arbre qui surplombe le vide et qui comporte une longue corde (Photo 27). Quatre kilomètres n'ont pas encore été couverts mais il y a déjà cinq heures que l'on a quitté le véhicule. Il est temps de songer au retour et d'entreprendre la descente qui empruntera le même itinéraire avec des passages assez délicats dans les fortes descentes.

Balises


Pas de balises hormis quelques rubalises et traces bleues au départ

Profil

Plan de l'itinéraire

Site géologique  Sites géologiques, en partenariat avec Laurent Michon, laboratoire Géosciences Réunion.

Itinéraire

Se rendre à Cilaos puis à l'Îlet à Cordes et garer le véhicule au Plateau Manille, au croisement vers l'Îlet Totor - Marcher sur le Chemin des Orangers et dépasser les cases dans les vignes et les champs - 30 mètres avant la petite ravine, repérer l'étroit sentier qui part sur la droite dans la végétation - Rejoindre très vite une zone de culture et la longer par la gauche - Suivre le sentier qui grimpe sans discontinuer jusqu'au rempart du Tapcal - Arrivé au plateau, prendre à gauche et suivre l'étroit sentier qui traverse 3 ravines de manière parfois abrupte - Rejoindre le bord de la falaise verticale du Bras Crochet et suivre la ravine jusqu'à la corde citée ci-dessus - Faire demi-tour sur ce même sentier pour retrouver le véhicule deux bonnes heures plus tard.

Pour ne pas manquer le début du sentier

A partir du croisement de la D242, suivre le Chemin des Orangers qui traverse de magnifiques vignes puis monte en direction de l'Îlet Totor, situé en hauteur après les virages et la première ravine. Avant d'arriver à la ravine, et après avoir dépassé un tuyau qui passe au-dessus la route (voir photo ci-contre), tourner à droite sur le discret sentier qui débute dans le talus et rejoint le champ un peu plus haut. Il faut dépasser le tuyau de sept mètres exactement pour deviner la trace sur le talus.


Commentaires sur cette randonnée (6)

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louis97421, 17/02/2021 15:06

Réalisé le 13/02/20. Une randonnée plutôt sympathique munis de grand couteau pour débrouiller le « sentier » en montant comme en descendant pour les prochains aventuriers 😋

PAS POUR LES DÉBUTANTS

Montée en 4h à peu près sans aller au bout par manque de temps, tout ça bien évidemment en coupant les mauvaises herbes sur le passage.

Descente un peu plus rapide tout en restant prudent car tout le long de la randonnée nous sommes en tête à tête avec le vide.

Un lieu abandonné, rempli d’histoires parfait pour faire le vide et ainsi avoir un nouveau point de vue sur Cilaos, Îlet à cordes & un léger bout de saint-pierre.

Une vidéo et des photos sont disponible sur nôtre pages Instagram : @randos_reunion

Vous y trouverez également les différentes randonnées effectuées grâce à Randos Pitons ! 😘

Merci à vous pour l’envie que vous donnez d’aller à la découverte de l’ile.

JP Goursaud, 19/12/2018 19:53

Bravo Christian. Prend garde tout de même. La solitude a du bon mais dans certaines circonstances, il faut savoir se faire accompagner. Courage pour la deuxième étape. Je maintiens le "très difficile" qui concerne le circuit complet.

Christian Léautier, 19/12/2018 18:46
Randonnée complétée le 19/12/2018 en 3h30

Je tente l'aventure, en solo, un peu stressé par les commentaires du site! et en bus. 5h30 St Louis (Alternéo ligne 60 Cilaos) Arrivé 7h à Cilaos puis 7h30 ligne 62 Terre Fine , arrêt pile poil à 8h chemin des Orangers comme le suggère randopitons. Première partie jusqu'au Bras L'Eustache: départ du sentier sans problème en suivant les indices du site; 1h15 de montée assez violente jusqu'en haut du rempart: trace à peu près visible si on n'a pas la tête en l'air mais pas mal de jouvences et autres herbes qui vont tout envahir à la saison des pluies donc il faut vite y aller!: canyonneurs et randopitonneurs "avertis" car, quand même on est à flanc de rempart: gare au vertige et surtout dans la 2è partie où, à 2 reprises, je ne suis pas trop rassuré pour grimper assez verticalement malgré il est vrai les cadeaux de Noël laissés par la nature: branches, racines... mais je pense déjà à la descente!!.Il faut pourtant plusieurs fois se retourner pour des panoramas inédits et grandioses. En haut du rempart virage de suite à gauche et là on va le plus droit possible -ouest- dans cette magnifique forêt, toujours malgré tout la tête pas trop en l'air. Pas même besoin de rubalises, carte, boussole... On passe 2 ravines à sec puis on tombe sur la 3è:et là c'est le clou du spectacle:le Bras moussu, verdoyant, enchanteur de l'Eustache! Seulement 40 petites minutes pour y arriver depuis le rebord du Tapcal. Bien vu le 2è cairn pour poursuivre en remontant sérieusement le flanc droit de la ravine. 11h15 à l'ilet Totor où je vais faire un petit tour sympa puisque le bus de retour passe à 11h45. Puis départ de Cilaos à 12h30 (impeccable) La descente a été rapide et j'ai avalé sans problème les obstacles qui me semblaient insurmontables à l'aller ("le pire n'est pas toujours le plus sûr") (heureusement) Première partie qui peut se faire sans GPS et sans carte-c'était mon cas mais il n'y a pas en tirer de gloire bien sûr .Rando que je rétrograderai de "très difficile" à "difficile"pour la partie effectuée, Seconde partie jusqu'au Bras Crochet que prudemment je ne ferai pas seul. Les commentaires précis et judicieux de JPG n'en restent , parfois, pas moins stressants: ex "passage qui semble impossible tant il est vertical". Ouf "mwin la fé "!!! et cette première partie (oui quand même pas pour le commun des randonneurs:pentes raides,vertige,sentier un peu intuitif qui est effectivement loin d'être un GR-correspond quand même à 21 photos sur 28 du site! Donc si j'ai bien compris j'ai surtout manqué une immersion plus longue dans la forêt du Tapcal et les vues sur le Bras Crochet : ce sera pour une autre fois car ça donne beaucoup envie.

jpv97410, 18/12/2018 08:53
Randonnée complétée le 22/11/2012

Fait en novembre 2012 avec JPG et autres dalons, le lieu n'a pas du trop changer à part peut-être une végétation plus dense.

Martial, 15/12/2018 18:23
Randonnée complétée le 13/12/2018 en 8h00

Magnifique randonnée que j'aurais le bonheur de réaliser le jour de la refonte de cette fiche et qui va rejoindre mes favorites.
En effet, cette forêt du Tapcal est une merveille de chaque instant, exigeante bien sur, mais tellement fantastique de par sa diversité qu'on en oublie vite la difficulté.

Fanch, 24/01/2016 13:10
Randonnée complétée le 27/12/2015 en 6h00

Sentier entrepris le 27/12/15 et débroussaillé. Les 15 derniers mètres avant le plateau du TAPCAL sont très difficiles à franchir (sente emportée, passage en s'accrochant aux arbustes)

Randonnée ajoutée le : 15/12/2018